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La réforme des retraites : un éternel recommencement !
Le dossier sensible de la réforme des retraites, déjà envisagée en 2017 mais qui n'avait pas pu aller à son terme en raison de la crise sanitaire va revenir inévitablement dans l’actualité après la période électorale qui va s’achever en juin prochain.
Lorsque la réforme envisagée agit sur les principaux paramètres des régimes de retraite : l’âge minimal de départ, la durée de cotisation, le niveau et l’assiette des cotisations, les modalités de calcul des pensions, les mécanismes de décote ou de surcote, les droits non contributifs, on parle de réforme paramétrique, par opposition aux réformes dites systémiques, qui remettent à plat l’ensemble du système existant.
En 2017, les pouvoirs publics défendaient une réforme systémique, il semble que la réforme à venir soit paramétrique moins ambitieuse certes mais plus aisée à mettre en œuvre.
D’après une enquête faite en avril 2021 par la Caisse des dépôts intitulée « les attentes et la perception de la retraite en France » les Français, interrogés semblent toujours très attachés au système de retraite par répartition. S’ils sont de plus en plus inquiets sur sa pérennité financière, et qu’ils continuent de le trouver complexe, ils ne sont qu’une minorité à souhaiter une réforme structurelle, et privilégient des mesures paramétriques, avec en premier lieu un allongement de la durée d’activité.
Grâce à la reprise économique, la branche retraite de la Sécurité sociale a terminé l'année 2021 avec un déficit de 2,6 milliards, quand le budget voté en décembre tablait sur un trou de 5,8 milliards, selon un rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR). En 2020, ce déficit était de 3,7 milliards d’euros.
Dans le secteur privé, le régime des cadres et salariés (Agirc-Arrco) affiche un excédent de 2,6 milliards succédant à un déficit de 4,1 milliards en 2020.
Pour autant une réforme s’impose qui devrait s'accompagner d'un recul de l'âge légal, actuellement fixé à 62 ans à vraisemblablement 64 ans ou 65 ans. Il s'agirait d'un report progressif au rythme de 4 mois supplémentaires par an à partir de 2023 et ce jusqu'aux années 2030.
Cet allongement de la durée du travail serait accompagné d'une prise en compte des carrières longues et des questions liées à la pénibilité.
Il apparait que la future réforme envisage d’encourager le cumul emploi retraite en simplifiant le mécanisme de départ progressif voire en incitant à travailler après la liquidation de la retraite via un cumul-emploi retraite qui pourrait permettre de continuer à acquérir des droits en contrepartie des cotisations acquittées, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Le nouveau ministre du Travail a indiqué que des négociations débuteront au mois de septembre ou au mois d’octobre, « avec un calendrier qui devra tenir compte de la période de concertation, de négociation, de formalisation d’accord ».
La question des retraites est vitale tant elle touche au quotidien des Français.
Dans notre système par répartition, les actifs d’aujourd’hui cotisent pour les retraités d’aujourd’hui, ce qui présente bien des avantages, mais est soumis aux évolutions démographiques à venir : le ratio entre le nombre de personnes de 20 à 59 ans et celui des personnes de 60 ans et plus passerait de 1,9 en 2020 à 1,3 en 2070.
Depuis 25 ans, les différents gouvernements ont tour à tour proposé des réformes des retraites afin de répondre à l’enjeu du vieillissement de la population et du déséquilibre systémique.
Socialement, cette réforme sera difficile à faire passer. Un allongement de la durée du travail accroîtra irrémédiablement le risque de chômage de longue durée d’une catégorie de seniors ni en retraite, ni en emploi, une catégorie en attente de pouvoir liquider sa retraite.
Seuls 35,5 % des femmes et des hommes de 60 à 64 ans exerçaient un métier en 2021, d’après la DARES (Direction de l’Animation de la recherche, des Etudes et des Statistiques).
Ce pourcentage est en hausse depuis le début du 21ème siècle mais les données récentes permettent de faire des comparaisons internationales. Elles montrent que la France se trouve en queue de peloton : en 2019, le taux d’emploi pour cette tranche d’âge (les 60-64 ans) était de 32,7 %, contre 70 % en Suède, 61,8 % en Allemagne et 52,4 %, en moyenne, à l’échelon des Etats membres de l’OCDE.
La réforme des retraites sera un thème abondamment commenté pendant les mois à venir par les médias et les politiques : nous vous proposerons modestement un décryptage au fil de l’eau.