La France traverse à nouveau une période socialement agitée pour cause de réforme des régimes de retraite.

Depuis 1993 et la réforme Balladur, en moyenne, les gouvernements ont présenté une réforme des retraites tous les 4 ans.

Nous ne reviendrons pas aujourd’hui sur le projet de réforme actuellement en discussion au parlement, le débat parlementaire est loin d’être achevé et nous ignorons à ce jour quelle sera la teneur du texte final.

A l’occasion de ce débat toujours houleux dans notre pays, nous percevons mieux ce qu’attendent les actifs de cette phase de vie dont la durée peut aller selon les dernières statistique de 17 ans pour le hommes à 23 ans pour les femmes. Il s’agit là de l’espérance de vie à 62 ans et ces chiffres sont fort heureusement totalement théoriques.

A l’approche du départ à la retraite, de nombreux questionnements apparaissent, assortis de craintes et d’espoirs pour cette nouvelle phase de vie.  Ces craintes et ces espoirs sont propres à chacun et diffèrent selon le parcours professionnel, ses évolutions, son domaine et son niveau d’activité, ainsi que selon la place que le travail a pris dans la vie active de la personne concernée.

Les cadres supérieurs et les personnes ayant beaucoup évolué durant leurs carrières auront tendance à avoir plus de craintes mais également plus d’espoirs vis-à-vis du départ à la retraite. A contrario, les employés et les ouvriers ont un regard plus pragmatique sur la retraite et expriment moins de craintes mais également moins d’espoirs sur cette période.

Les craintes les plus fréquentes concernent la peur de tomber malade, de perdre son autonomie, ses capacités physiques mais aussi de tout simplement de mal vieillir. Viennent ensuite les craintes familiales, avec la nouvelle vie de couple ou les problèmes avec les enfants.

L’aspect social ressort également avec la peur de perte de relations sociales, un sentiment de solitude mais aussi un manque d’occupation et une absence de projet.

Et enfin, toujours côté négatif, n’oublions pas, pour beaucoup, une perte de revenus mensuels réguliers importante.

Côté espoir ce qui est le plus souvent exprimé c’est l’opportunité de se maintenir en forme, de s’occuper soi et de son bien-être, puis d’avoir du temps pour se cultiver, voyager et de pouvoir davantage se consacrer à sa famille, à sa vie de couple.

Ne plus travailler ne signifie pas rester inactif. Il est possible d’explorer d’autres envies et d’autres désirs. L’arrivée de la retraite peut être l’occasion de faire le point sur ses acquis, savoir-faire et savoir être professionnels, qui peuvent être transmis aux jeunes actifs.

Rester actif évite le blues de la retraite : perte du travail, peur de la vieillesse, crise identitaire, toutes ces habitudes d’une vie se trouvent chamboulées par cette rupture.

Si l’activité professionnelle est chamboulée, la vie personnelle l’est également. Le travail permettait une séparation de chaque membre du couple, affirmant ainsi son individualité. A la retraite la vie à deux se joue en permanence.

Le passage à la retraite permet un long temps d’introspection. De ce fait, la première des choses à faire est de retrouver une bonne estime de soi et également d’anticiper, de préparer ce passage. Organiser une liste des choses que l’on souhaite faire permet d’éviter cette forme de blues.

Les salariés confrontés à la pénibilité de bon nombre de métiers envisagent la retraite comme une délivrance et aspirent au repos alors que ceux qui ont occupé des fonctions valorisantes peuvent la redouter et être confrontés à une forme de dépression post retraite. D’autres encore aspirent à la retraite sans avoir pour autant connu la pénibilité au sens physique mais vivent positivement cette rupture car elle leur permet d’échapper à la pression, aux objectifs changeants, aux managers pas toujours bienveillants et aux multiples sources de stress.

Les réformes successives des régimes de retraites ont toujours généré beaucoup de mécontentement chez une majorité de nos compatriotes. Il faut être réaliste, il en sera toujours ainsi car les gouvernants apportent, par la force des choses, des réponses globales et techniques pour mettre les régimes de retraite en phase avec des réalités économiques et comptables alors que chaque français actif a une vision personnelle de la retraite, des attentes chargées d’affects, des projets plus ou moins définis que ces réformes viennent contrarier.

Un grand quotidien titrait récemment une chronique consacrée au projet de réforme actuel : Retraites : « Loin de solder les problèmes, chaque réforme ne fait que révéler un peu plus l’impasse de notre système »